Essences de bois

Au travers de cet art qu'est la fabrication artisanale du stylo en bois, nous nous sommes spécialisés dans les bois rares et précieux. Il fallait d'une part adapter notre matériau de prédilection à la qualité de nos mécanismes, composés pour la plupart de placages métalliques d'une qualité bijouterie. D'autre part, cette adéquation entre mécanismes et matériaux de qualité participe de la fabrication d'une pièce unique.

A l'inverse des bois d'ébénisterie, qui se négocient au mètre cube, les bois précieux sont achetés au kilo (dans le meilleur des cas!) voire à la pièce (un morceau de bois ou carrelet de 2cm de côté sur 13cm de long = un stylo), souvent au départ d'une photo sur internet.

Autre facteur, depuis plus de 20 ans, nous avons vu les prix des bois précieux s'envoler. Tantôt la surexploitation de ces bois dans certaines industries de transformation (comme celle du placage par ex.), tantôt des mouvements spéculatifs sur le marché international... a conduit les nations a protéger certaines espèces surexploitées menacées d'extinction. Il en est ainsi de tous les palissandres (famille botanique des Dalbergia) dont le commerce s'est vu récemment réglementer, à l'instar du Cocobolo, du palissandre du Honduras, du bois de rose, du bois de violette,... Depuis la fin de l'année 2018, ces bois sont inscrits à l'Annexe II (restrictions à l'exportation...) de la CITES, cette plate-forme internationale qui a adopté plusieurs niveaux de protection et sauvegarde de la flore et de la faune de notre planète.

C'est dire que d'une part notre prédilection pour le bois précieux et d'autre part les spécifités de raréfaction de ce secteur sont les ingrédients incontournables à la création de pièces uniques. Il nous est par exemple totalement impossible d'utiliser des chutes, rebuts de pièces plus grandes, pour fabriquer nos stylos. Le prix élevé de ces bois les destine à de petits objets, en l'occurrence le stylo en bois précieux.

Quant aux bois que nous recherchons, ils font partie des ébènes (la famille botanique des Diospyros), des palissandres (la famille des Dalbergia), etc. Notre "quête du Graal" permanente consiste à sélectionner les pièces les plus figurées. Mais au-delà des différentes espèces, le choix de parties spécifiques sur un même arbre est également une de nos particularités. Il en est ainsi des racines (bruyère...), des ronces (noyer...) mais surtout des loupes. Ces excroissances qui produisent des veinages formidables, généralement en forme d'yeux de perdrix, mais aussi composées de réseaux aussi irréguliers qu'enchevêtrés. Provoqués par des attaques extérieures (insectes, intempéries...), ces tubercules vont avoir un développement autonome, allant même pour certaines de ces protubérences, à complètement ceinturer l'arbre qu'elles colonisent.